lundi 14 novembre 2016

Chanson douce

Leïla Slimani



Le sujet

Myriam, maman de deux jeunes enfants décide de retourner travailler après être restée à s'occuper de ses enfants pendant quelques années.
Myriam et son conjoint cherchent donc une nounou et tombent sur la nounou parfaite, Louise.
Femme d'âge mûr qui devient vite indispensable, cuisine merveilleusement, nettoie et pousse les murs du tout petit appartement dans lequel la petite famille s'entasse, en bonne petite famille (bobo?) Parisienne.

Mais que se passera-t-il dans la tête de Louise pour en venir à assassiner les deux enfants avant de tenter de se donner la mort?

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup

Et bien, pour une fois j'applaudis le prix Goncourt! Et je m'étonne que ce roman n'ait obtenu que ce prix.
Je n'aime pas les livres tristes, et d'enfants assassinés encore moins, mais j'ai succombé aux louanges de mes critiques favorites du masque et la plume unanimes au sujet de ce roman.
Et effectivement, je m'ajoute à la longue liste de ceux qui ont dévoré et adoré ce livre.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu une écrivaine française avec une telle plume. Je me suis sentie complètement transportée, en empathie totale avec les protagonistes dans lesquels j'ai tout à fait retrouvé ma vision du jeune couple avec enfants en quête malgré tout d'une vie en dehors de la vie de famille, et notamment dans le travail.

Ce drame est glaçant de vraisemblance et totalement addictif.
Je recommande chaudement, mais âmes sensibles s'abstenir (si contrairement à moi malgré les louages vous réussissez à résister!.

samedi 12 novembre 2016

L'hirondelle avant l'orage

Robert Littell


Le sujet

Ossip Mandelstam, le grand poète, n'est pas l'artiste qu'il aurait aimé être. Avec sa femme Nadejda, ils vivent de sexe et de vodka, enfermées dans leur appartement moscovite, sale et glacial. Effrayé par les dérives du stalinisme, Mandelstam veut sauver sa belle Russie des griffes de celui qu'il nomme "le montagnard du Kremlin". Ses poèmes moquant le dictateur vont lui coûter très cher...

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup

Ce livre est magistral. Je ne m'attendais pas du tout à ce que ce livre soit aussi dur en le démarrant, mais j'ai été complètement emportée par l'histoire de Ossip et de son entourage pendant les purges staliniennes que je ne l'ai pas lâché, malgré le malaise que m'a procuré l'atrocité des faits relatés (et la réalité fut pourtant encore bien pire j'en suis sûre).
Une fois de plus Robert Littell nous emmène dans ce qu'il connait très bien : la Russie et là plus particulièrement la période des purges staliniennes ou l'on déporte n'importe qui pour n'importe quoi dans le but de créer la terreur au sein de la population.
Ossip est un poète reconnu en URSS dans cette période pré-2nde guerre mondiale, mais comme la population russe, et tout particulièrement les intellectuels, il vit dans la crainte de se faire arrêter pour avoir écrit un poème transgressif vis à vis du régime de Staline.
C'est un roman choral dans lequel on redécouvre l'horreur des purges staliniennes (déjà traité dans requiem pour une révolution du même auteur que j'avais beaucoup aimé) ainsi que la personnalité complètement paranoïaque et dictatorial (entre autres!) de Staline.
A découvrir...

samedi 29 octobre 2016

L'éléphant hors-série environnement

Revue l'éléphant


Mon avis

J'ai aimé... beaucoup

Je remercie Babelio et son édition Masse Critique ainsi que les éditions Scrinéo de m'avoir permis de lire cet hors série.
Je connais bien la revue l'éléphant car j'en achète pratiquement tous les numéros. J'aime beaucoup le principe des différents thèmes (histoire, politique, géographie, art, etc.) traités de façon pédagogique avec un petit quizz de compréhension à la fin, et la possibilité de revenir dessus au début du numéro suivant pour se rappeler les choses importantes.
Etant déjà assez bien renseignée sur l'environnement (j'ai la prétention de le croire en tout cas), je n'ai pas acheté ce numéro hors série car je pensais ne rien apprendre.
Que nenni! J'ai au contraire appris beaucoup de choses sous certains angles que je n'avais jamais soupçonné!

J'ai appris des choses passionnantes, comme le fait que les voitures individuelles ont d'abord été largement rejeté par la population aux états-unis car trop dangereuses et bruyantes, et qu'elles ont finalement été accepté suite à une loi antitrust qui a permis aux entreprises de voitures d'affaiblir le réseau des transports en commun... 
Autre exemple : selon la saison (et bien sûr la localisation), une partie non négligeable de l'eau de certains barrages s'évapore! Or cette quantité d'eau peut représenter dans un exemple cité entre 25 et 30% de l'eau du fleuve dans lequel le barrage vient s'approvisionner! Cela au détriment de toutes les populations qui sont en aval.
Ca remet beaucoup de chose en perspective!
Bref une fois de plus un très bon numéro (malgré ma réticence du début), et je recommande d'autant plus cette revue fort intéressante.

mercredi 17 août 2016

L'insouciance

Karine Tuil


Le sujet (éditeur)

De retour d’Afghanistan où il a perdu plusieurs de ses hommes, le lieutenant Romain Roller est dévasté. Au cours du séjour de décompression organisé par l’armée à Chypre, il a une liaison avec la jeune journaliste et écrivain Marion Decker. Dès le lendemain, il apprend qu’elle est mariée à François Vély, un charismatique entrepreneur franco-américain, fils d’un ancien ministre et résistant juif. En France, Marion et Romain se revoient et vivent en secret une grande passion amoureuse. Mais François est accusé de racisme après avoir posé pour un magazine, assis sur une œuvre d’art représentant une femme noire. À la veille d’une importante fusion avec une société américaine, son empire est menacé. Un ami d’enfance de Romain, Osman Diboula, fils d’immigrés ivoiriens devenu au lendemain des émeutes de 2005 une personnalité politique montante, prend alors publiquement la défense de l’homme d’affaires, entraînant malgré lui tous les protagonistes dans une épopée puissante qui révèle la violence du monde.

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup

Je remercie Babelio et son édition Masse Critique ainsi que les éditions Gallimard de m'avoir permis de lire cet ouvrage.
J'avais beaucoup aimé le précédent livre de Karine Tuil "l'invention de nos vies" et cette deuxième lecture me permet d'inscrire cette auteure dans mes auteurs français préférés.
Ce livre nous raconte une longue descente aux enfers pour ses personnages principaux, menant à la fin de "l'insouciance" qui nous caractérise tous jusqu'à ce que des évènements tragiques nous changent.
 Au travers de Romain, qui part en Afghanistan avec l'armée et en reviendra traumatisé, de Marion également traumatisée par le suicide de l'ex femme de son époux, de François cet époux justement, dont la réputation est ternie par une affaire de photo déplacée, et enfin de Osman jeune homme noir brillant mais non issu du sérail politique habituel, l'auteure nous fait découvrir les profondeurs de ces âmes meurtries.
On y retrouve une critique de la politique actuelle et de son élite, ainsi que des dérives racistes et antisémites de notre société.
Ce dernier tome avait d'ailleurs déjà été traité dans son précédent ouvrage "l'invention de nos vies", que je recommande chaudement.
On ne sort pas tout à fait indemne de cette lecture qui reste tout de même dérangeante tant elle est réaliste, mais la conclusion reste malgré tout assez optimiste car la vie doit continuer, c'est une question de survie. 

mardi 9 août 2016

Le nouveau nom

Elena Ferrante


Le sujet (éditeur)

Naples, années soixante. Le soir de son mariage, Lila comprend que son mari Stefano l’a trahie en s’associant aux frères Solara, les camorristes qui règnent sur le quartier et qu’elle déteste depuis son plus jeune âge. Pour Lila Cerullo, née pauvre et devenue riche en épousant l’épicier, c’est le début d’une période trouble : elle méprise son époux, refuse qu’il la touche, mais est obligée de céder. Elle travaille désormais dans la nouvelle boutique de sa belle-famille, tandis que Stefano inaugure un magasin de chaussures de la marque Cerullo en partenariat avec les Solara. De son côté, son amie Elena Greco, la narratrice, poursuit ses études au lycée et est éperdument amoureuse de Nino Sarratore, qu’elle connaît depuis l’enfance et qui fréquente à présent l’université. Quand l’été arrive, les deux amies partent pour Ischia avec la mère et la belle-sœur de Lila, car l’air de la mer doit l’aider à prendre des forces afin de donner un fils à Stefano. La famille Sarratore est également en vacances à Ischia et bientôt Lila et Elena revoient Nino.

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup

Voilà une suite à la hauteur du premier tome.
Une fois de plus Elena Ferrante frappe fort. Le style est addictif, les personnages attachants et l'histoire bouleversante.
Il ne se passe pourtant rien d'exceptionnel une fois de plus, juste la vie et ses coups durs, mais c'est tellement bien raconté que j'en étais mal à l'aise tellement je m'identifiais à Elena trahie puis à Lila amoureuse mais coupable.
 L'auteure parvient parfaitement à nous accompagner au sein de l'esprit de ces jeunes filles, à nous faire comprendre et partager leur intimité, leurs pensées, leurs besoins et désirs, c'est fabuleux.
Un livre très réussi que je recommande chaudement. 
@ Gallimard : on veut la suite et vite!!

samedi 16 juillet 2016

Purity

Jonathan Franzen


Le sujet

Purity (alias Pip) est une jeune fille qui vient tout juste de terminer ses études et cherche par tous les moyens à honorer sa dette universitaire. Elle cherche également à retrouver son père qu'elle ne connaît pas et dont sa mère refuse de révéler l'identité, afin de lui demander de prendre en charge une partie de ses frais universitaires.
Elle sera alors approchée par un nouveau Snowden, Andreas Wolf, qui cherchera à la faire intégrer son programme "sunlight project", sorte de Wikileaks, avec la promesse à la clé de l'aider à trouver son père...
Et c'est ainsi que l'histoire se met en place.
Qui est Andreas, comment est-il devenu un lanceur d'alerte exilé en Amérique latine?

Qui est le père de Pip, que s'est-il passé pour que sa mère décide de changer d'identité afin de se protéger elle sa fille?

Mon avis

J'ai aimé... passionnément. C'est assurément un coup de cœur.

J'ai beaucoup hésité avant de lire ce livre. Franzen est un des plus grands écrivains aux Etats Unis, ses livres sont toujours extrêmement attendus. Mais la critique américaine n'a pas été tendre à l'égard de ce dernier volume, et la critique française a peine plus enthousiaste.
C'est finalement la chronique du Rouquin Bouquine qui m'a décidé à me lancer.
J'avais beaucoup aimé son précédent livre Freedom, mais je n'avais pas compris les critiques dithyrambiques autour de sa sortie. C'est certes un bon livre mais pas un chef d'oeuvre de mon point de vue.

Et bien me voici charmée par Purity. Complètement différent de Freedom dans le sens où il se passe dans Purity beaucoup plus de choses, je suis restée complètement scotchée à cette intrigue extrêmement bien ficelée, qui ressemble d'ailleurs assez à un thriller finalement.
Tout cela sur fond de critique de l'internet d'aujourd'hui, de débat pour ou contre les lanceurs d'alerte. Alors je ne partage pas son point de vue, mais contrairement à de nombreuses critiques françaises ou américaines entendues, ça ne m'a pas du tout dérangé, j'étais tellement aspirée par l'histoire que je les ai lu sans que ça ne gâche mon plaisir de lecteur.

L'intrigue se met vraiment en place petit à petit, à force de flash back pour chacun des personnages, et on se régale du début à la fin.
Je recommande chaudement ce livre qui pour moi est un vrai coup de cœur.

jeudi 5 mai 2016

L'Emprise, Quinquennat, Ultime Partie

Marc Dugain


Le sujet

Lorraine espionne de la DGSE, Launay homme politique voué à devenir président, Corti chef de la DCRI, Volone grand patron EDF-AREVA. Autant de personnages qui évolueront au fur et à mesure de ces trois tomes.

Mon avis

J'ai aimé... assez

Je n'en dirai pas trop, afin de ne pas révéler les intrigues des tomes 2 et 3 aux lecteurs du premier tome.
J'ai bien aimé cette saga. Assez courte car le tout se lit très vite, j'ai vraiment eu la sensation de toucher au plus prêt de ce qu'est la politique aujourd'hui. Et je dois dire que ça fait drôlement peur!
Chose amusante, Dugain prévoyait dès 2014 la fusion Areva et EDF qui se dessine aujourd'hui! Et on retrouve Anne Lauvergeon (qui paraît-il distribue des exemplaires à tous ses amis) en la personne d'Adeline Habbert, mise de côté lors de la fusion avec EDF par Volone (ancien président de France Environnement (Proglio)).
Le directeur corse de la DCRI qui sait tout sur tout le monde, et qui s'allie avec Launay car il s'agit de celui qui a le plus de chances de remporter la présidentielle et qui d'ailleurs étouffera un potentiel scandale pouvant éclabousser Volone et Launay (directeur de la DCRI qui n'est pas sans rappeler Squarcini).
Launay quant à lui, dont on ne sait s'il est de droite ou de gauche car cela n'a pas vraiment d'importance en vérité, et qui affrontera dans le 2e tome le Front National (appelé Mouvement Patriote dans l'ouvrage).
Et Volone, ancien président de l'entreprise France Environnement (qui ressemble à s'en méprendre à GDF Suez, présidé pendant de longues années par un certain Proglio passé ensuite chez EDF, ça vous dit qqch?!) qui s'alliera au fur et à mesure des tomes à celui qui sera le plus à même de le maintenir à la tête d'une grande entreprise...

On suit dans ces trois tomes l'évolution de ces personnages au gré de la politique.
Je pense qu'on touche vraiment à la façon dont la politique se joue aujourd'hui : une question d'ego avant tout, et de magouilles. Le 2e tome offre une perspective intéressante sur les relations commerciales entre France et Qatar, et sur les concessions que le pays est prêt à faire pour vendre du matériel français.
Bon bref, un bon divertissement, pas très bien écrit (le 2e tome est d'ailleurs de mon point de vue assez dûr à lire, avec une écriture très ciselée, des phrases très courtes et sans verbes, un style que je n'apprécie pas du tout) mais prenant cependant.
J'ai hâte de découvrir l'adaptation en série TV sur ARTE!

Anna Karénine

Léon Tolstoï


Le sujet (éditeur)

La quête d'absolu s'accorde mal aux convenances hypocrites en vigueur dans la haute société pétersbourgeoise de cette fin du XIXe siècle. Anna Karénine en fera la douloureuse expérience. Elle qui ne sait ni mentir ni tricher - l'antithèse d'une Bovary - ne peut ressentir qu'un profond mépris pour ceux qui condamnent au nom de la morale sa passion adultère. Et en premier lieu son mari, l'incarnation parfaite du monde auquel il appartient, lui plus soucieux des apparences que véritablement peiné par la trahison d'Anna. Le drame de cette femme intelligente, sensible et séduisante n'est pas d'avoir succombé à la passion dévorante que lui inspire le comte Vronski, mais de lui avoir tout sacrifié, elle, sa vie de femme, sa vie de mère. Vronski, finalement lassé, retrouvera les plaisirs de la vie mondaine. Dans son insondable solitude, Anna, qui ne peut paraître à ses côtés, aura pour seule arme l'humiliante jalousie pour faire vivre les derniers souffles d'un amour en perdition. Mais sa quête est vaine, c'est une "femme perdue". --Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot

Mon avis

J'ai aimé... passionnément

Alors voilà, c'est fait, j'ai lu mon premier livre de Tolstoï. Et enfin je peux dire (comme tout le monde ou acquiescer aux dires des autres en connaissance de cause) "mais tu ne l'as pas lu? alala tu ne sais pas ce que tu rates, c'est une merveille".
Car oui de mon point de vue, c'est vraiment une merveille.
Alors mention spéciale au traducteur, car je ne lis pas le Russe, mais la version française de mon édition (Folio classique) est d'un français d'une qualité exceptionnelle. Je n'ai pas senti une seule fois qu'il s'agissait d'une traduction.
Quant à l'histoire, ou plutôt les histoire... c'est un enchevêtrement de tant de personnages! L'histoire d'Anna Karénine n'est de mon point de vue pas la plus intéressante. C'est certes la plus bouleversante, celle qui donne le ton dramatique au livre, mais j'ai de loin préféré l'histoire de Lévine et de Kitty. 
L'histoire d'Anna et de Vronski est terrible, et encore actuelle également dans sa genèse : une femme mariée à un homme pour son statut social sans vraiment l'aimer (oui ça existe encore!) qui s'accroche à leur fils pour tenir le coup, et tombe un jour follement amoureuse d'un homme avec qui elle aura une liaison. Aujourd'hui cette femme divorcerait probablement, et la société ne lui en tiendrait pas rigueur. Mais à l'époque c'est autrement plus compliqué. J'ai trouvé que Tolstoï décrivait merveilleusement les états d'âme et le cheminement psychologique de cette femme perdue, qui ne sait plus quoi faire: s'accrocher à sa vie auprès d'un homme qu'elle finit par exécrer mais garder à ses côtés son fils, ou partir avec son amant, perdre sa situation et donc faire une croix sur une vie sociale, et perdre son fils. C'est un dilemme absolument terrible. Et une fois le choix fait, encore faut-il vivre avec... Il y a de quoi devenir folle comme elle. C'est d'ailleurs la raison qui m'a fait préférer l'histoire de Lévine et Kitty : celle d'Anna est terrible et m'a mise profondément mal à l'aise.
Concernant Lévine et Kitty, je me suis beaucoup amusée à suivre leur histoire d'amour, et surtout le cheminement de Lévine quant aux idéaux capitalistes.
Bref, un livre extrêmement dense, beaucoup de sujets traités (l'évolution de la société, la mort, l'amour, l'importance du regard des autres, l'évolution des campagnes russes, etc) pour un livre absolument magnifique.
Une vraie merveille il n'y a pas d'autre mot.

Je suis Pilgrim

Terra Hayes


Le sujet

Une jeune femme assassinée dans un hôtel sinistre de Manhattan. Un père décapité en public sous le soleil cuisant d’Arabie Saoudite. Un chercheur torturé devant un laboratoire syrien ultrasecret. Un complot visant à commettre un effroyable crime contre l'humanité. Et en fil rouge, reliant ces événements, un homme répondant au nom de Pilgrim. Pilgrim est le nom de code d’un individu qui n’existe pas officiellement. Il a autrefois dirigé une unité d’élite des Services secrets américains. Avant de se retirer dans l’anonymat le plus total, il a écrit le livre de référence sur la criminologie et la médecine légale. Mais son passé d’agent secret va bientôt le rattraper…

Mon avis

J'ai aimé... assez

Pas mal!
Je ne suis pas du tout lectrice de thriller, donc je n'ai pas vraiment d'expérience si je peux dire ça comme ça dans ce domaine littéraire. Sur les conseils d'un ami je me suis lancée. Et je dois dire que j'ai bien accroché. 
Alors point négatif : le livre est extrêmement (voire beaucoup trop) bavard. J'ai fini par sauter des paragraphes sans vergogne.
Cela mis de côté, le scénario est bien ficelé et plutôt d'actualité (attaque terroriste avec risque bactériologique), de quoi se faire peur!

Le Livre des Baltimore

Joël Dicker


Le sujet

Nous retrouvons notre ami Marcus de "La Vérité sur l'Affaire Harry Québert". Marcus nous raconte son enfance auprès de ses cousins Hillel et Woody du temps où ils formaient le gang des Goldman, jusqu'au jour où le Drame dissolve cette belle famille.
Maintenant les Goldman de Baltimore sont tous décédés, Marcus part sur les traces de sa famille et tente de découvrir les raisons de ce Drame.

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup

J'ai beaucoup hésité avant d'acheter de livre. J'avais beaucoup aimé "La Vérité sur l'Affaire Harry Québert" et j'avais très peur d'être déçue par une suite. Et les critiques du Masque et la Plume a fini de me convaincre.
A l'image des quelques chroniqueurs du Masque je n'ai pas été déçu par ce livre qui m'a complètement emporté. L'histoire n'est pourtant pas dingue, le livre n'est pas merveilleusement bien écrit, mais cependant la lecture est très agréable et fluide, et j'étais complètement dedans. J'ai adoré suivre l'évolution de Marcus Hillel et Woody jusqu'au terrible Drame révélé à la fin du livre. Il me semble avoir lu quelque part que ce livre faisait partie d'une trilogie américaine souhaitée par l'auteur, j'ai hâte de retrouver Marcus pour le troisième ouvrage!

mardi 3 mai 2016

Parents Mode d'emploi

Blanche Gardin

Le sujet (éditeur)

Comment un couple d'aujourd’hui s’en sort avec 3 enfants de 8 à 16 ans… En faisant de son mieux, mais surtout en évitant le pire ! Chaque jour, 4 millions de téléspectateurs rient aux éclats devant la série à succès de France 2
Parents mode d’emploi et suivent les tribulations de Gaby et Isa Martinet, oscillant entre tendresse et mauvaise foi, petits heurts et grandes effusions, démissions passagères et ruses inavouables… On retrouve dans ce livre, souple et pratique, les sketches les plus cultes de la série pour découvrir ou revivre les situations familiales les plus cocasses et en profiter où on le souhaite.

Mon avis

J'ai aimé... pas du tout

Je remercie Babelio et son édition Masse Critique ainsi que les éditions Chêne de m'avoir permis de lire cet ouvrage.
Je dois avouer que je n'avais jamais regardé cette mini série de France 2. Mais lorsque babelio m'a proposé la lecture du livre, et étant donné que je suis une très grande fan de "fais pas ci fais pas ça" diffusé sur la même chaîne, je me suis dit que j'allais peut être découvrir un nouveau programme humoristique à mon goût.
Malheureusement ça n'est pas le cas. Je tiens à m'excuser car je crois que je ne suis pas le bon public pour ce livre. Les sketches ne m'ont pas du tout fait rigoler, même pas sourire. Je suis donc passée complètement à côté de ce livre. Mais encore une fois et j'insiste, je pense que je ne faisais pas partie du public visé.

jeudi 21 avril 2016

L'amie prodigieuse

Elena Ferrante


Le sujet

Lila et Elena sont deux amies qui grandissent dans la banlieue bruyante et violence de Naples.
Elena nous raconte leurs enfances respectives : toutes les deux étaient très bonnes élèves en primaire, mais seule Elena aura la chance de continuer ses études, car malheureusement pour Lila, bien que première à l'école et douée d'une grande intelligence, ses parents lui interdiront de continuer ses études au collège. Elle ira donc travailler avec son frère et son père dans la boutique de cordonnier.

Mon avis

J'ai aimé... beaucoup

L'amie prodigieuse est pour moi un vrai coup de cœur. Cela faisait très longtemps que j'attendais que ce livre italien et bestseller du NYTimes sorte enfin en français, je me suis donc ruée dessus!
J'ai adoré me promener avec Elena et Lila dans les faubourgs de Naples, suivre Lila et ses études, ses lectures et ses inquiétudes. Le complexe d'infériorité de Lila vis à vis d'Elena est cependant assez dérangeant, car extrêmement marqué et présent durant toute la lecture. Mais étant donné la fin du livre que je ne révèlerai évidemment pas, j'ai hâte de lire la suite!!
Je recommande fortement cette lecture très agréable. 

dimanche 17 avril 2016

Millenium 2 et 3

Stieg Larsson



Le sujet du tome 2 (éditeur)


Tandis que Lisbeth Salander coule des journées supposées tranquilles aux Caraïbes, Mikael Blomkvist, réhabilité, victorieux, est prêt à lancer un numéro spécial de Millenium sur un thème brûlant pour des gens haut placés : une sombre histoire de prostituées exportées des pays de l'Est. Mikael aimerait surtout revoir Lisbeth. Il la retrouve sur son chemin, mais pas vraiment comme prévu : un soir, dans une rue de Stockholm, il la voit échapper clé peu à une agression manifestement très planifiée.
Enquêter sur clés sujets qui fâchent mafieux et politiciens n'est pas ce qu'on souhaite à clé jeunes journalistes amoureux de la vie. Deux meurtres se succèdent, les victimes enquêtaient pour Millenium. Pire que tout, la police et les médias vont bientôt traquer Lisbeth, coupable toute désignée et qu'on a vite fait de qualifier de tueuse en série au passé psychologique lourdement chargé.
Mais qui était cette gamine attachée sur un lit, exposée aux caprices d'un maniaque et qui survivait en rêvant d'un bidon d'essence et d'une allumette ?
S'agissait-il d'une des filles des pays de l'Est, y a-t-il une hypothèse plus compliquée encore ? C'est dans cet univers à cent à l'heure que nous embarque Stieg Larsson qui signe avec ce deuxième volume de la trilogie Millenium un thriller au rythme affolant.

Mon avis

J'ai aimé... assez

Voilà quelques temps que j'avais terminé le premier opus de Millenium et que le deuxième me faisait de l’œil dans ma bibliothèque. Je l'ai finalement commencé dans le but de lire les tomes 2 et 3 pour pouvoir ensuite attaquer le tome 4.
Et autant le premier tome m'avait marqué, car c'était je crois mon premier thriller lu, autant ces deux tomes ne  m'ont pas marqué. J'écris cette critique 3 mois après les avoir terminé et je ne saurais plus trop raconté ce qu'il s'y passe.
J'ai enchaîné les tomes 2 et 3 car ils se suivent tout à fait. Le tome 3 reprend le soir même suivant le "cliffhanger" de la fin du tome 2.
J'en garde néanmoins un souvenir de lecture agréable, fluide, avec deux pavés qui se lisent tout de même rapidement car comme dans le premier tome, on veut savoir le fin mot de l'histoire!!!

Mais malheureusement, contrairement à tout le bien qu'on a eu m'en dire, je ne considère par cette série comme un chef d'oeuvre. Tout au plus comme un très bon divertissement, une bonne lecture estivale pour passer le temps.

jeudi 3 mars 2016

L'économie est un jeu d'enfant

Tim Harford


Le sujet (éditeur)

Pourquoi les loyers sont-ils si élevés? Les immigrés nous volent-ils nos emplois? Qu'est ce qu'un marché? Quels sont les ressorts d'une vente aux enchères? Pourquoi payez-vous votre café si cher? Pourquoi les taux d'intérêt font-ils le yoyo? Et à qui profite le crime?
Ces questions et beaucoup d'autres, trouvent ici une réponse dans un style enlevé, accessible et ludique. A l'issus de cette lecture, l'économie n'aura plus de secret pour vous.

Mon avis

J'aime... beaucoup

Je remercie tout d'abord Babelio et son édition Masse Critique ainsi que les éditions PUF de m'avoir permis de lire cet ouvrage.

Je lis beaucoup de livres d'économie et j'étais ravie d'en recevoir un nouveau explicitant les rouages de la macroéconomie. "L'économie n'aura plus de secret pour vous" nous annonce l'éditeur. Bon, là dessus je suis pas tout à fait d'accord.
En effet le livre n'explique pas vraiment comment fonctionne l'économie. L'auteur part de petites anecdotes (entreprises téléphoniques qui achètent des longueurs d'onde pour diffuser la 3G par exemple) ou des questions simples (pourquoi payez vous votre café si cher?) pour nous expliquer le fonctionnement de l'économie.
Mais je dois bien admettre que je reste un petit peu sur ma faim avec cet ouvrage. Car finalement on a jamais d'explication claire de comment fonctionne l'économie dans son ensemble. Je dirais même que ça part un peu dans tous les sens... j'ai trouvé ce livre un peu fouillis. On passe d'un sujet à un autre sans qu'il n'y ait vraiment de raison et j'ai vraiment l'impression de rester dans l'analyse superficielle. 

Cela étant dit, le livre est très agréable à lire, assez drôle et l'auteur est très pédagogue. Il use d'analogies pour bien nous faire comprendre de quoi il s'agit et tout s'éclaire peu à peu.
En conclusion j'ai trouvé ce livre très intéressant (j'y ai appris beaucoup de choses). Mais si vous voulez vraiment comprendre comment l'économie fonctionne et que vous débutez, je vous invite à vous tourner vers des BDs telles que "Economix" ou "L'économie en BD" dans un premier temps, qui explicitent vraiment comment fonctionne l'économie, et de vous plonger ensuite dans celui-ci pour rentrer plus dans le détail de certains concepts (comme les ventes aux enchères par exemple)
Je dois également préciser qu'il m'a fait énormément réfléchir. Je suis plutôt du genre (exclusivement en fait) à acheter du chocolat bio équitable, des vêtements et de l'électroménager fabriqués en Europe. Non pas pour les conditions de travail (car comme l'explique le livre les "ateliers de misère" sont nécessaires pour permettre aux pays pauvres de passer d'un statut pauvre à un statut plus riche) mais plutôt m'assurer d'une qualité minimum et éviter l'obsolescence programmée pour les produits concernés (pas d'histoire de libre échange donc). Mais ce livre m'a beaucoup fait réfléchir aux principes du libre échange notamment et je dois dire que ma vision est très brouillée!! Ce livre remet beaucoup de mes convictions en cause. Ma conclusion : je dois m'informer encore plus!

Quelques extraits pour vous donner envie de lire...


Page 52
IL y a trois stratégies courantes pour démasquer les clients auxquels le prix est indifférant.
1. Stratégie de la cible unique
"évaluer chaque client et exiger de lui la somme qu'il est prêt à payer.
[...]
Quand la technologie le permet, les firmes ayant le pouvoir de la rareté peuvent employer les méthodes très sophistiquées pour cibler les clients. Ce n'est plus un secret, les sites de vente comme Amazon peuvent identifier chaque client grâce à un "cookie". Autrefois Amazon adaptait ses prix d'après les achats antérieurs de chaque consommateur. La firme pouvait véritablement proposer des "bons d'augmentation" : deux clients achetant exactement le même produit se voyaient proposer deux prix différents, en fonction de ce qu'ils avaient acheté."
2. Stratégie de la "cible de groupe" qui consiste à offrir des prix différents selon le groupe auquel le client appartient.
"Par exemple quand Disney World à Orlando propose à la population locale des billets d'entrée à moitié prix ce n'est pas par compassion pour les habitants pauvres de la Floride. L'entreprise sait simplement que si le prix est moins élevé, les gens du cru viendront plus régulièrement. Alors que les touristes viendront sans doute, et ne viendront qu'une fois, quel que soit le tarif.
3. Stratégie "d'auto-incrimination"
"Les supermarchés ont fait du ciblage des prix un art, en élaborant tout un éventail de stratégies possibles. Au dessus de la galerie principale de la gare de Liverpool Street, un magasin Marks & Spencer "Simply Food" accueille les banlieusards pressés qui arrivent à Londres ou en repartent. Nous connaissons désormais bien la valeur de la rareté des gares, et il n'est donc pas peut être pas étonnant d'apprendre que cette boutique n'est pas bon marché, même comparée à un autre Marks &Spencer situé à 1500 mètres de là, à Moorgate. J'ai choisi 5 produits au hasard dans le magasin de Liverpool et j'ai réussi à trouver quatre d'entre eux à Moorgate où chaque article était en moyenne 15% moins cher. [...] Mais même quand de tels décalages sont révélés, bien peu de banlieusards seraient prêts à s'écarter de leur itinéraire pour économiser trente pence. C'est un exemple flagrant et efficace de ciblage des prix."

Page 62 : courses bon marché et magasins bon marché
"Mon conseil : si vous voulez faire des affaires, n'essayez pas de trouver un magasin pas cher. Essayez d'acheter pas cher. Les mêmes produits sont souvent au même prix. Les courses qui coûtent cher sont celles où l'on prend par inadvertance des produits à forte marge, pas celles que l'on fait dans un magasin où "on n'en a pas pour son argent", parce que le ciblage des prix explique bien plus les différences des prix que toute différence de valeur entre un magasin et un autre."

Page 63 sur les soldes
"les soldes sont une forme efficace d'autociblage. Certains clients visitent beaucoup de magasins différents, d'autres, non, alors mieux vaut pour un magasin avoir soit des prix élevés pour soutirer leur argent aux clients fidèles (ou paresseux), ou des prix bas pour attirer les chercheurs de bonnes affaires. Les prix moyens n'intéressent personne : ils ne sont pas assez élevés pour exploiter les clients fidèles et pas assez bas pour attirer les chercheurs de bonnes affaires.

Page 70
"le "laserwrite E" d'IBM imprimante laser bas de gamme s'est avérée être exactement la même que leur "laserwrite" haut de de gamme, sauf qu'il y avait dans la version moins chère une puce supplémentaire pour ralentir l'impression. Pour IBM la méthode la plus efficace de ciblage des prix était de concevoir et de produire une unique imprimante, puis de la vendre à des prix différents. Mais bien sûr, pour que des gens achètent le modèle cher, il a fallu ralentir le modèle pas cher.

Page 110 La traversée du centre ville
"Dans la plupart des pays européens, les automobilistes paient un impôt kilométrique sous la forme d'une forte taxe sur le carburant. Mais cette taxe sur le carburant ne correspond pas au coût que les conducteurs s’infligent les uns les autres ainsi qu'aux non conducteurs. Dans les zones rurales, les gens paient la taxe (ils dépenses en général entre un quart et un tiers d'essence en plus, par rapport aux citadins), mais ce sont les banlieusards de Londres, de New York ou de Paris qui, aux heures de pointe, causent les plus graves embouteillages, la pire pollution atmosphérique et le plus grand vacarme. Les mêmes trajets effectués aux petites heures de la matinée ne provoquent aucun embouteillage, même si la pollution et le bruit restent problématiques."
[...]
"L'idée de la taxe d'externalité n'est pas de décourager les gens de faire quoi que ce soit qui pourrait gêner autrui, mais de les rendre conscients de la gêne occasionnée."
Deux objections à la taxe d'externalité
"Le lobby pro-automobile répond que les automobilistes paient assez et qu'il est injuste d'empêcher les moins riches de conduire. D'un autre côté, certains affirment qu'après s'être acquittés de la taxe d'externalité, les riches auront encore les moyens de s'adonner au comportement sanctionné."
"La taxe d'externalité impose-t-elle une redistribution inéquitable? Elle ne vise pas les pauvres mais les activités volontaires : si vous décidez de cesser de gêner les autres, vous n'avez pas à payer de taxe d'externalité. Il est vrai que les riches ont les moyens de conduire plus que les pauvres, mais ils est tout aussi vrai que les riches ont les moyens de manger plus que les pauvres. C'est également injuste, mais si vous acceptez le fonctionnement du système des prix pour des biens comme les aliments, pourquoi ne pas l'accepter pour l'espace routier ou l'air pur?"
"Taxer les embouteillages peut modifier les petites décisions que nous prenons chaque semaine quand nous hésitons entre aller en voiture au supermarché, ou prendre le bus, ou aller à pieds dans un magasin plus proche, ou faire nos courses sur internet. Mais cette taxe pèsera aussi sur les grandes décisions. Chaque année, une personne sur trois change d'emploi et une personne sur sept déménage; à chaque fois, l'occasion se présente de repenser nos choix en matière de transport, à la lumière de la taxe sur les embouteillages.
Intervient aussi ici un effet domino, car les changements attitude se renforcent mutuellement. SI plus de gens se mettent à prendre le bus, il y aura plus de place dans les rues et les bus iront plus vite... et circuleront avec un meilleur rapport qualité/prix. Si plus de gens pratiquent le covoiturage, chacun trouvera plus vite des partenaires potentiels et sur des trajets plus proches du sien. Si plus de gens tentent d'éviter les embouteillages en travaillant chez eux deux ou trois jours par semaine, ou en se rendant dans le centre ville à des heures différentes, plus d'entreprises trouveront le moyen d'accepter ces pratiques."

Page 168 sur le système de santé pour expliquer l'aléas moral
"Le meilleur système obligerait les patients à payer un certain nombre de frais, ce qui les inciterait à s'informer à faire des choix qui soient à la fois dans leur intérêt et aient un bon rapport qualité/prix, tout en laissant le gouvernement ou l'assurance payer les frais les plus élevés. Cela pourrait fonctionner, parce que la plupart des factures médicales ne sont pas catastrophiques et ne justifient donc pas une assurance.
Dans le détail, comment un tel système pourrait-il fonctionner? Le but serait de laisser le maximum de choix et de responsabilité aux patients, en exigeant donc qu'ils dépensent leur propre argent plutôt que celui des gouvernements ou des assureurs, mais de veiller à ce que personne n'ait à régler de factures catastrophiques et à ce que même les pauvres aient de quoi se payer des soins médicaux.
Autrement dit, les gens devraient payer tous les soins médicaux, mais l'assurance devrait prendre en charge les frais les plus élevés, et tout le monde devrait prendre en charge les frais les plus élevés, et tout le monde devrait avoir un compte épargne destiné aux dépenses médicales, compte que le gouvernement enrichirait dans le cas des plus pauvres et victimes de malade chronique.
L'assurance catastrophes, qui ne rembourse que les traitements très onéreux ne coûte pas très cher. L'épargne n'est pas non plus un problème : il suffit de réduire la facture fiscale de 1500$ par an, par exemple - c'est à peu près, en impôts, le coût du système de santé en Grande-Bretagne et aux Etat Unis - et d'obliger les gens à placer cet argent sur un compte épargne. Pour ceux qui payent moins de 1500$ d'impôts par an, le gouvernement compenserait la perte. Puisque le système est obligatoire, il n'y a pas de sélection adverse.
[...]
S'il vous reste plus que le minimum sur votre compte lorsque vous atteignez la retraite, vous pourrez utiliser la somme pour votre pension. Quand vous mourrez, votre épargne se transmettra vers le compte de quelqu'un d'autre (en général votre conjoint ou vos enfants). De sorte qu'à chaque moment de votre vie, vous auriez une raison de ne dépenser que pour des oins médicaux absolument nécessaires. Si vous pensiez que le bon traitement pour vous est une sorte de maintenance préventive - des séances de shiatsu, par exemple -, ce serait votre choix à vous. Vous pourriez envisager d'arrêter de fumer, vu ce que la tabagie vous coûterait en frais médicaux au fil des ans. L'assurance catastrophes financerait toujours votre transplantation pulmonaire, bien sûr, mais aucun système humain ne peut entièrement éviter l'aléa moral.

Page 238 sur les pays pauvres et pourquoi ils restent pauvres
"Les barrages policiers et les agents véreux constituent une forme particulièrement visible de corruption, mais il y a des barrages métaphoriques d'un bout à l 'autre de l'économie camerounaise. La Banque mondiale les a mis en lumière avec son projet "Doing Business" qui rassemble des données sur la réglementation des activités commerciales. La Banque a découvert que pour fonder une petite entreprise au Cameroun, il fallait dépenser en frais officiels plus de six mois de salaire moyen [...]. Acheter ou vendre une propriété coûte près du cinquième de la valeur du terrain. Obtenir des tribunaux le règlement d'une facture impayée prend plus de deux ans, coût près de la moitié de la somme facturée, et requiert quarante-trois procédures distinctes. Ces règles ridicules sont une bonne nouvelle pur les bureaucrates qui les mettent en application.
[...]
Une législation sociale inflexible veille à ce que seuls les hommes d'expérience bénéficient de contrats officiels: les femmes et les jeunes doivent se débrouiller sur les marchés gris. La paperasserie décourage les créations d'entreprise. La lenteur des tribunaux oblige les chefs d'entreprise à refuser des propositions attrayantes de nouveaux clients parce qu'ils savent qu'ils ne pourront pas se protéger s'ils se font rouler. Les pays pauvres présentent les pires exemples de ce genre de loi, et c'est l'une des principales raisons pour lesquelles sils ont pauvres."
[...]
Sur l'exemple de la construction d'une bibliothèque (inutilisable) d'une université au Cameroun
"Voici donc la situation : de l'argent obtenu par relations plus que pour répondre à une nécessité; un projet conçu pour le prestige plus que pour son utilité; un manque de supervision et de responsabilité; un architecte nommé par quelqu'un qui ne se souciait nullement de la qualité du travail. Le résultat n'est pas étonnant : un projet qui n'aurait jamais dû voir le jour et qui débouche sur un bâtiment mal construit.
Morale apparente de l'histoire : les individus égoïstes ou ambitieux qui détiennent le pouvoir sont souvent la cause de gâchis dans les pays en développement. La vérité est pourtant un peu plus triste. Des gens égoïstes et ambitieux détiennent plus ou moins de pouvoir dans le monde entier. Dans bien des pays, leur pouvoir est borné par la loi, la presse et l'opposition démocratique. La tragédie du Cameroun, c'est qu'il n'y a rien pour juguler les intérêts égoïstes."
[...]
Page 249
La gangrène ronge d'abord le gouvernement, mais elle touche l'ensemble de la société. A quoi bon investir dans une entreprise, puisque le gouvernement ne vous protégera pas contre les voleurs? (Autant devenir voleur vous même). A quoi bon payer votre facture téléphonique puisque personne ne pourra vous traîner devant les tribunaux? (Alors à quoi bon être une compagnie téléphonique?) A quoi bon faire des études puisque les emplois ne sont pas distribués au mérite (et de foute façon, vous ne pouvez pas emprunter pour financer vos études puisque la banque ne pourra pas imposer le remboursement de son prêt et que le gouvernement ne fournit pas de bons établissements). A quoi bon fonder une société d'importation puisque ce sont les douaniers qui en profiteront? (Il y a donc peu de commerce, donc la douane est sous-financée et cherche encore plus de pots-de-vin).

Page 263 sur le libre échange et la mondialisation
"Le commerce peut être conçu comme une autre forme de technologie. Par exemple, l'économiste David Friedman remarque qu'il existe pour les Etats Unis deux manières de produire des voitures : les fabriquer à Detroit ou les faire pousser dans l'Iowa. Cette seconde méthode emploie une technologie spéciale qui transforme le blé en Toyota : il suffit de charger le blé dans des bateaux et de les envoyer dans l'océan pacifique. Les bateaux reviennent peu après avec des Toyota à bord. La technologie utilisée dans le Pacifique s'appelle "Japon", mais il pourrait aussi bien s'agir d'une bio-usine futuriste flottant au large de Hawaï. D'une manière ou d'une autre, les ouvriers de l'automobile à Detroit sont en concurrence directe avec les fermiers de l'Iowa. Limiter les importations de voitures japonaises aiderait le secteur automobile et nuirait aux agriculteurs.
Dans une société civilisée mais progressiste, la solution n'est pas d'interdire la technologie nouvelle ou de limiter le commerce. Ce n'est pas non plus d'ignorer le sort des gens mis au chômage par la technologie, le commerce ou quoi que ce soit. C'est de laisser le progrès continuer tout en aidant ceux qui en souffrent à se former pour trouver d'autres emplois."
Page 274
"L'agriculture intensive est un exemple exceptionnellement parlant. Tous les problèmes environnementaux ne seront pas automatiquement résolus par le libre-échange. Un exemple est la tendance à la monoculture (ne cultiver que du riz, que du café, ou que du blé). Ce manque de biodiversité rend les récoltes plus vulnérables aux insectes et aux fluctuations climatiques.
On pourrait voir là un argument contre le libre-échange, puisque le commerce accru encourage les pays à se spécialiser dans une production agricole où ils jouissent d'un avantage compétitif. Mais les barrières douanières sont un très mauvais moyen de lutter contre le problème de l'agriculture intensive. D'abord, la biodiversité locale et la biodiversité mondiale sont toutes deux importantes, mais la biodiversité nationale n'a aucune importance : les problèmes écologiques ne tiennent pas compte des frontières politiques. Si tant est que le manque de biodiversité soit un problème, la solution se trouve dans la réglementation environnementale directe. Espérer qu'une barrière commerciale résoudra le problème est ridicule."
[...]
"Les frais de transport sont un autre exemple du principe de Bhagwati. Là encore, il peut sembler intéressant de limiter le commerce international afin de réduire la pollution causer par les cargos et les avions de fret. Pourtant en ce cas aussi, une réglementation directe sous la forme d'une taxe d'externalité est la solution. Les barrières douanières s'attaquent au transport de biens à travers les frontières, mais il n'y a rien de spécialement nuisible pour l'environnement dans le fait de franchir une frontière. Les frais de transport pur déplacer un lecteur de CD du port d'Osaka vers le port de Los Angeles sont inférieurs au frais de transport pour aller du port de Los Angeles jusqu'en Arizona, ou même jusqu'à un supermarché de Los Angeles. [...] Ce n'est pas par ce qu'un bien se déplace à l'intérieur d'un pays, ou même d'une région, que le coût écologique de son transport est faible. Là encore, l'apprenti économiste recommande les mesures qui attaquent le problème directement : une taxe d'externalité encouragerait à utiliser des méthodes plus propres, que le transport se fasse à l'intérieur d'un pays ou à travers des frontières."
[...]
"En général, cette pollution devient moins grave une fois que le revenu par tête atteint environ 5000$ (comme au Mexique) parce qu'ils sont alors assez riches pour s'offrir de meilleures normes environnementales et pour les exiger. Le commerce aide indirectement, en dynamisant la croissance, et directement , parce que le libre-échange dans les pays pauvres est associé à la fin des subventions pour les industries de prestige très polluantes comme la pétrochimie et l'acier, ainsi qu'à l'importation de nouvelles technologies plus propres."
[...]
"Nous devons comprendre que les initiatives focalisées sur les "café équitable" ou les "vêtements produits hors des ateliers de misère" n'apporteront jamais d'amélioration significative dans la vie de millions de gens. Certaines, comme la campagne pour empêcher New York d'acheter des uniformes dans les pays pauvres, causeront activement des dégâts. D'autres, comme les nombreuses marques de café équitable, pourraient améliorer le revenue de quelques producteurs de café sans faire trop de mal. Mais rien de toute cela ne peut remédier au problème fondamental : on produit trop de café. Au moindre signe que la caféiculture devient une profession attrayante, elle sera envahie de gens désespérés qui n'ont pas d'autre choix. Le niveau de vie des très pauvres, fera monter le cours du café et améliorera les salaires et les conditions de travail dans les usines de chaussures."