lundi 28 décembre 2015

La république bobo

Thomas Legrand & Laure Watrin

Le sujet (éditeur)

Vous le pensiez obsolète ? Pourtant le bobo n’a jamais été aussi présent. Il est de toutes les joutes politiques, de toutes les brèves de comptoir et de magazine, que l’on devise carte scolaire, terrorisme du bio, prix de l’immobilier ou causes de la montée de l’extrême droite.
Que recouvre ce néologisme ridicule, assemblage new-yorkais de deux mots français ? Une construction médiatique rejetée par la plupart des sociologues. Un travailleur social au SMIC tout autant qu’un patron de start-up. Mais surtout, un bouc émissaire idéal. En ces temps de bobobashing, il faudrait être sacrément téméraire pour se revendiquer afi cionado de la Courgette solidaire.
Pourtant, selon Laure Watrin et Thomas Legrand, eux-mêmes bobos, il est grand temps de réhabiliter ce pauvre hère. Car il est le promoteur des modes urbains de demain. Alors oui, il frôle parfois la caricature, vacille sans (presque) aucun scrupule entre un hédonisme individualiste et des élans de faiseur de lien social. Mais il redynamise le vivre-ensemble tout en restant connecté au monde. Il tente de concilier des contraires et de s’adapter dans une société morcelée… En ce sens, le bobo est l’un des fers de lance de la république du XXIe siècle. En déclinant ses engagements et ses marottes, ce livre s’engage non seulement à clarifier son identité, mais aussi à redorer son blason.

Mon avis

J'ai abandonné

Je l'admets tout de suite : je n'ai pas réussi à terminer ce livre (je me suis arrêtée à la moitié).
L'introduction (premier chapitre) m'a pourtant fort intéressé et assez accroché, mais j'ai rapidement trouvé que les propos tournaient franchement en rond pour toujours raconter la même chose autour des deux catégories de bobo (gentrifieur et mixeur) et de leurs caractéristiques propres.

Le sujet abordé est intéressant mais le livre ne le traite pas de façon scientifique ou sociologique, il reprend beaucoup d'articles de sociologue, journalistes, essayistes sur le sujet, pour concaténer un peu tout ce qu'on peut lire ou entendre sur le sujet, mais je n'y ai pas trouvé de réflexion ou d'apport à ce sujet mainte fois traité dans les journaux ou à la radio (car oui je suis bobo, je lis beaucoup et j'écoute beaucoup France Inter! et j'adore Thomas Legrand!).
On y trouve aussi un historique (trop long!) de comment le terme est arrivé, d'où il vient, et de phénomènes similaires rencontrés et documentés à l'étranger.
Pour finir, je suis francilienne (comme les auteurs dans une ville limitrophe très bobo), mais je trouve tout de même que ce livre est beaucoup trop centré sur Paris! Tous les exemples tournent autour des mêmes arrondissements à Paris et à Bordeaux, un peu comme si le phénomène ne touchait que ces deux villes.
Bref, un livre peu intéressant à mon grand regret, car je trouvais le livre très prometteur.

Quelques extraits :
2 catégories de bobo :
"le bobo gentrifieur et le bobo mixeur. Le premier choisira d'habiter un quartier anciennement populaire, plein de bobos, pour vire dans un havre de boboïtude peuplé de spécimens de son espèce, s'égayant dans de jolies rues pleines de restos simples et bons, de concept-stores et de vélos hollandais. Le second, lui, s'épanouira exclusivement dans un univers de melting-pot, de variété sociale et ethnique, dans des quartiers ou des villes toujours populaires"

Page 33
"Un bobo est une personne dont le capital culturel (élevé) a plus de poids que le capital économique (variable) pour déterminer son lieu de vie, et les "valeurs" qu'il considère comme positives ou négatives"

Page 50
"Pour les extrêmes gauche et droite [...] Le bobo méprise le vrai peuple blanc, ouvrier, hétérosexuel et périurbain."

Page 51
"Le débat sur le mariage homosexuel a été un déferlement de haine anti-bobos. Les bobos étaient responsables de la destruction de la famille, ils dilapidaient mille ans de traditions pour un caprice d'adultes. Les catholiques les plus conservateurs et les plus bruyants, en particulier, abhorrent les bobos, qu'ils envisagent comme des hédonistes irresponsables. Ils pointent l'hypocrisie de ceux qui servent un discours social et moralisateur mais vivent dans leurs lofts à l'abri de leurs digicodes. Toutes les critiques ont certainement un fond de vérité corrélé à une base outrée, mais remarquons quand même que celle qui vient de la bourgeoisie catho est particulièrement savoureuse. La dénonciation de la duplicité des bobos de la part de ceux qui vont à la messe de Versailles ou à Neuilly pour s'entendre dire qu'il faut partager, s'aimer les uns les autres, tendre la joue gauche, accueillir le pauvre et l'étranger comme ses frères et s'en retourner ensuite dans un entre-soi conservateur, dans son ghetto de classe... Le bobo écolo qui brûle son bilan carbone en allant passer un weekend à Barcelone en avion a de la marge s'il veut rivaliser en termes de contradiction avec le cabo (catho-bourgeois) de la "Manif pour tous"!"

dimanche 13 décembre 2015

Les Intéressants

Meg Wolitzer

Le sujet (éditeur)

En 1974, Julie passe son été à Spirit-in-the-Wood, une colonie de vacances. Elle y rencontre un groupe de cinq adolescents qui se sont baptisés les «Intéressants» : Ethan, un surdoué des films d'animation ; Goodman et sa soeur Ash, jeunes New-Yorkais bien nés ; Jonah, le fils d'une célèbre chanteuse folk, icône de la contre-culture, et enfin Cathy qui rêve de devenir danseuse. Le roman suit leur vie pendant quarante ans. Ethan épousera Ash. Ensemble, ils connaîtront la réussite et les drames. Goodman devra faire face à la justice. Jonah se détournera de la musique. Et Julie ? Julie se cherchera pendant de longues années et racontera leur histoire à tous.

Mon avis


J'ai aimé... pas du tout

Allez je me lance!
Voilà plus de deux mois que j'ai terminé ce livre, et je traîne les pieds à le critiquer car je n'ai vraiment pas aimé ce livre.
J'avais beaucoup hésité avant de l'acheter, car j'ai lu beaucoup de critiques sur Goodreads qui disaient qu'il ne se passait rien. 
Mais j'ai quand même craqué sur ce livre que je trouve très beau (esthétiquement!) car je me suis dit que certes il ne se passe pas grand chose dans la vie des personnages, mais c'est la vie!! Et tout le monde n'a pas une vie extraordinaire! Et j'aime les livres qui racontent bien ces vies de gens ordinaires. Donc je me suis lancée...
Pffff quelle déception! J'ai d'abord bien accroché, à leur amitié au camps d'été, aux différentes personnalités qui s'assemblent pour ne plus jamais se lâcher. Et puis ce livre m'a beaucoup ennuyé, voir franchement mise mal à l'aise!! J'étais vraiment mal. J'ai eu un mal fou à le terminer et après coup je me dis que j'aurais du abandonner cette lecture.
Je n'ai pas aimé le tournant franchement glauque que prenait l'histoire avec l’événement entre Goodman et Cathy, avec la vie franchement déprimante de Julie et son mari déprimé incurable, l'amour refoulé qu'entretiennent certains personnages. 
J'ai trouvé que les personnages n'étaient pas assez fouillés, qu'on restait en surface des choses, et que ça aurait mérité plus de recherche, surtout vue la destinée assez tragique des personnages!
Bon bref, je ne recommande pas du tout cette lecture (et j'aurais dû m'en douter! encore un livre noté moins de 4/5 sur goodreads!)

samedi 12 décembre 2015

Tsippora

Marek Halter


Le sujet (éditeur)

Tsippora (ou Séphora) était la femme (méconnue me concernant) de Moïse.
Cette fille adoptée de couleur noire semble avoir un destins scellé du fait de la couleur de sa peau. Mais elle tombera un beau jour sur un jeune et bel homme, qui dit fuir l'Egypte, et évidemment ils tomberont amoureux... Moïse racontera finalement sa fuite et son histoire à Tsippora et sa famille. Mais Tsippora refusera d'épouser Moïse tant que celui ci refuse de retourner en Egypte libérer les juifs réduits en esclavage par Pharaon.
La suite pour Moïse on la connaît, mais pas pour celle qui deviendra son épouse, Tsippora.

Mon avis

Un livre très intéressant

Tsippora est le 2e volet de la trilogie "la bible au féminin" de Marek Halter.
J'avais déjà bien apprécié le premier volet "Sarah" sur la femme d'Abraham.
La découverte de l'histoire de Tsippora m'a beaucoup intéressé et assez attristé également. Quel destin tragique! et tellement méconnu!
Ce livre m'a fait passer un agréable week-end, tout comme le premier tome.

Rebecca

Daphné du Maurier


Le sujet (éditeur)


Sur Manderley, superbe demeure de l'ouest de l'Angleterre, aux atours victoriens, planent l'angoisse, le doute : la nouvelle épouse de Maximilien de Winter, frêle et innocente jeune femme, réussira-t-elle à se substituer à l'ancienne madame de Winter, morte noyée quelque temps auparavant ? 

Mon avis

Une belle découverte

Sur les conseils de ma très chère amie du club de lecture, je me suis (enfin!) plongée dans la lecture de ce roman mythique!
J'ai été extrêmement surprise par ce livre, que j'ai trouvé super, bien que je ne m'attende pas du tout à ce type d'histoire. Car finalement, toute l'histoire tourne autour du fantôme de Rebecca qui plane au dessus de la nouvelle épouse de Mr de Winter (dont l'auteur ne daigne même pas donner le nom car elle est semble bien trop insignifiante).
Le livre est merveilleusement bien écrit (et traduit du coup), ce qui procure lui procure une intensité très rare.
Cette nouvelle épouse m'a énervée je dois bien l'admettre. Elle est franchement naïve et bébête. Malgré tout, je n'avais pas vu le dénouement arriver.
Malgré le plaisir que j'ai eu à lire ce livre, je ne le qualifierai ni de chef d'oeuvre ni de coup de cœur.

L'espion qui venait du froid

John le Carré

Le sujet (éditeur)

"- Roulez à trente à l'heure, ordonna l'homme d'une voix tendue, anxieuse. Je vous indiquerai le chemin. Quand nous serons arrivés, il faudra descendre de voiture et courir jusqu'au mur. Le projecteur sera braqué sur l'endroit où vous devez passer ; tenez-vous immobiles dans le rayon lumineux. Dès que le faisceau sera déplacé, commencez à grimper. Vous aurez quatre-vint-dix secondes. Vous monterez le premier, dit-il à Leamas, et puis ce sera au tour de la fille."
Le livre qui a révolutionné le roman d'espionnage.

Mon avis

Une belle découverte

Je cherchais un roman d'espionnage à lire, car je n'en avais lu que très peu (voire pas du tout en fait). Hop, petite recherche sur Babelio, et je jette mon dévolu à ma super médiathèque sur le roman de John le Carré, considéré comme ayant révolutionné le roman d'espionnage. Bon alors j'avoue ne pas bien avoir compris pourquoi. C'est un excellent roman d'espionnage, mais rien de révolutionnaire de mon point de vue c'est même assez classique. Mais peut-être parce que le peu que je connais (par les films ou les livres) est postérieur à ce livre "révolutionnaire".
Ce roman d'espionnage et d'infiltration se dévore, car il est intriguant, mais également très court, et ça c'est agréable! Car on connaît assez rapidement le fin mot de l'histoire...

La Compagnie - le grand roman de la CIA

Robert Littell

Le sujet

"La Compagnie" résume l'histoire de la CIA sur une période de 40 ans.

1ere partie : années 50 et 51
Tout commence avec les premières affectations des nouvelles recrues de la CIA :
- Ebby, diplômé de Columbia, a travaillé pour l'OSS pendant la 2e guerre mondiale
- Jack Mc Auliffe, diplômé de Yale
- Leo Kritsky, diplômé de Yale

2e partie : année 1956, la révolution hongroise est écrasée par l'URSS

3e partie : année 1960, fiasco de la baie des Cochons à Cuba

4e partie : année 1974, qui est la taupe?!

5e partie : année 1983, l'URSS envahit l'Afghanistan et les moudjahidins se réfugient au Pakistan

6e partie : année 1991, putsch de Moscou à l'encontre de Gorbatchev

Mon avis

Un chef d'oeuvre, gros coup de cœur

Quel pavé, mais quelle merveille!
Cela faisait longtemps que ce livre traînait dans ma bibliothèque et que je souhaitais le lire, mais la taille m'effrayait un peu.
Au détour de vacances un peu longues, j'embarque donc ce gros livre!

Et je l'ai dévoré, bon alors pas aussi rapidement que je ne l'espérais, mais il est véritablement prenant. Quand on est dedans, on a du mal à le lâcher.
Le travail de Robert Littell est incroyable. Je me demande ce qui tient du roman et ce qui tient plutôt de la documentation historique. Je ne connais rien à l'espionnage, mais tout m'a paru extrêmement réaliste. J'ai beaucoup apprécié cet aspect historique qui m'a beaucoup intéressé, on se replonge dans quelques uns des grands événements de la guerre froide US-URSS.

De plus, on s'attache énormément aux personnages car ce sont toujours les mêmes que l'on voit évoluer au sein de la compagnie petit à petit, aussi bien dans la vie professionnelle que personnelle.
Bref, si vous cherchez un bon roman d'espionnage (je dirai même le chef d'oeuvre du roman d'espionnage), vous l'avez trouvé!

Quelques extraits

Page 947
- La vérité c'est que les américains ne comprennent que très vaguement ce qui se passe et se retrouvent le plus souvent à soutenir le mauvais cheval. Il faut arrêter de chercher des solutions rapides à des problèmes de longue haleine.
- Nous n'allons pas leur donner de missiles Stinger, si c'est à ça que tu penses, insista Manny
- Vous finirez par le faire, prédit Maria. Ça vous démange tellement de prendre votre revanche par rapport au Vietnam que vous n'entendrez bientôt plus la douce voix de la raison. Et puis, quand la guerre sera finie, les ben Laden retourneront les armes que vous leur avez données contre vous."

Page 948
Anthony demanda "qu'est ce que tu ferais si tu étais présidente des Etats Unis?"
- [...] Je battrais froid aux groupes dissidents qui veulent créer le parfait Etat islamique à l'image du califat du septième siècle.
- Tu penses que l'occupation russe en Afghanistan est un moindre mal? voulut savoir Manny
- Je pense que vous préparez le prochain désastre en choisissant de régler trop vite le dernier désastre. Je dis qu'il faut s'accrocher un peu.

Page 992
"En théorie, toi moi et la rezidentura avons l'énorme avantage de travailler contre le principal adversaire - les sociétés occidentales, leurs gouvernements et même leurs agences de renseignement sont plus ouverts que les nôtres et plus faciles à infiltrer. Mais en pratique, nous sommes confrontés à d’énormes désavantages dont même James Angleton à l'apogée de sa gloire n'avait pas idée. Nos dirigeants se croient capables d'analyser eux-mêmes les renseignements collectés. Et nos agents sur le terrain ont peur de dire à leurs officiers traitants quoique ce soit qui aille à l'encontre des idées préconçues des dirigeants en place; et même si nous disons la vérité à nos officiers traitants, ils ne voudront pas risquer leur carrière en la transmettant à leurs supérieurs. Staline ne doutait pas que c'était l'Occident qui tentait d'encourager une guerre entre l'Union Soviétique et l'Allemagne de Hitler, et toute information qui contredisait cette théorie - y compris les dizaines de rapports selon lesquels Hitler projetait d'attaquer la Russie - était tout simplement enterrée. Seules les informations qui allaient dans le sens des soupçons de Staline, lui étaient transmises. A un moment, le Centre est même arrivé à la conclusion que Kim Philby avait été retourné parce qu'il n'arrivait pas à trouver de preuve pour corroborer le faut que la Grande-Bretagne essayait de monter Hitler contre Staline. Notre problème est structurel - les renseignements qui sont transmis tendent à renforcer les idées fausses au lieu de les corriger.

mardi 17 novembre 2015

Les Psys se confient: Pour vous aider à trouver l'équilibre intérieur

Le sujet (éditeur)

Pour la première fois, des psys racontent leur parcours et leur vie intérieure. Par leurs récits sincères, par ce qu'ils livrent des difficultés rencontrées, des questionnements et des efforts déployés, ils nous touchent et nous émeuvent. Ce sont nos vies dont ils parlent à travers leur vie. Parce qu'ils ont réfléchi à leur passé, à leurs valeurs et à leurs motivations, parce qu'ils exercent un métier qui leur donne accès aux ressorts secrets de nos pensées, leurs récits nous aident à mieux nous comprendre, à changer et à mieux vivre. En nous racontant leur manière de rechercher leur unité personnelle et profonde, ils nous inspirent pour qu'à notre tour nous puissions trouver notre équilibre intérieur. 

Mon avis

Intéressant mais pas passionnant!

Je remercie Babelio et son édition Masse Critique ainsi que les éditions Odile Jacob de m'avoir permis de lire cet ouvrage.
Les domaines de la psychologie et de la psychiatrie m'intéressent particulièrement et cet ouvrage m'avait attiré l’œil plus d'une fois en librairie.
Je conseille d'ailleurs l'émission qui lui a été consacré dans "La Tête au carré" sur France Inter : http://www.franceinter.fr/emission-la-tete-au-carre-les-psys-se-confient

J'admets cependant que ce livre ne m'a pas autant intéressé que ce que j'espérais.
Les psys interviewés (22 au total) nous racontent leur histoire, les raisons qui les ont poussées à faire leur métier et ce qui leur plaît dans ce métier.

J'ai bien compris que l'objectif était d'aider les lecteurs à se sentir mieux en prenant conscience que les psys eux mêmes ne sont pas des Dieux et ressentent également des moments de doutes et de mal être, et que ce métier peut pour eux être nécessaire car salvateur.
Mais les histoires de ces psys ne m'ont pas franchement passionnées malheureusement.

lundi 28 septembre 2015

Americanah

Chimamanda Ngozi Adichie


Le sujet

Ifemelu est une jeune Nigérianne qui décide de quitter le Nigéria pour les Etats Unis suite aux longues grèves qui paralysent son université.
Elle découvre un pays qu'elle ne connaît pas et qu'elle avait jusqu'alors idéalisé, dans lequel elle va devoir s'intégrer, étudier, trouver un emploi à côté de ses études (bien que n'ayant pas de papiers) et où elle sera immédiatement à sa différence de couleur.
Car comme elle le dira plus tard, Ifemelu n'est devenue noire qu'en arrivant aux Etats Unis...

Mon avis


J'aime ... à la folie. Premier coup de cœur 2015

Waw! J'ai rarement de tels coups de cœur pour des livres vraiment.
Je me suis régalée de bout en bout.
J'avais lu de nombreuses critiques américaines qui regrettaient l'aspect mélo qu'on trouve (un peu) à la fin du livre, ce qui je dois l'admettre m'avais effrayé. Mais en fait il n'en est rien, le livre n'en est pas moins merveilleux (et croyez moi, je n'aime pas les livres qui terminent avec une histoire d'amour et sombrent dans la mièvrerie).
Ce livre m'a passionné et m'a beaucoup fait réfléchir.
J'ai adoré suivre Ifemelu au Nigeria. Je ne connais pas du tout l'Afrique et j'ai trouvé passionnant le récit qu'elle fait de la vie là bas lorsqu'elle est au lycée puis à l'université.
De même, son départ aux Etats Unis et son acclimatation m'ont ravie : la façon dont elle voit tout d'un œil étranger, critique, étonné. Elle bataillera pour trouver un emploi malgré le fait qu'elle ne possède pas de papiers : pas de problème, il suffit de trouver une noire qui accepte de lui prêter son permis de conduire, même si elle ne lui ressemble pas du tout pas grave, elle est noire comme elle!
Et c'est peu de temps après, lorsque Ifemelu aura terminé ses études et aura obtenu ses papiers que débute la partie qui prête à réflexion Ifem décide d'ouvrir un blog sur le fait d'être noire aux Etats Unis, à l'attention des noirs non noir-Américains. Car oui, il y a bien une différence entre noir-Américains et noirs non-Américains ainsi qu'une hiérarchie. Ses posts de blog et ses discussions avec ses collègues et amis, surtout des intellectuels sont très intéressants et donnent à réfléchir (en tout cas pour ma part).
Bref, j'ai ADORE ce livre et je vous invite à vous jeter dessus sans plus attendre!

Le soleil des scorta

Jean Christophe Rufin


Le sujet (babelio)

L'origine de leur lignée condamne les Scorta à l'opprobre. A Montepuccio, leur village d'Italie du Sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riche. Mais ils ont fait vœu de se transmettre de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu'ils appellent "l'argent de New York", leur richesse est aussi immatérielle qu'une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela confit au curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer.

Mon avis


J'aime ... beaucoup

Deuxième rencontre avec L. Gaudé (après La Mort du Roi Tsongor), deuxième très belle lecture.
"Le soleil des scorta" est un tout petit livre qui se dévore. Une sorte de saga où l'on suit (rapidement) quatre générations de la famille Scorta, famille italienne qui vit dans les Pouilles.
L'ambiance est incroyablement bien retranscrite. J'ai passé de nombreux étés dans les Pouilles, et je me suis complètement retrouvée dans cet environnement chaud, lourd, oppressant du sud de l'Italie.
L'histoire des Scorta est touchante : Rocco est issu d'une relation d'un après midi entre un bandit qui mourra le soir même lynché à Scorta et une femme qui mourra en couche. A peine né, les habitants de Scorta appellent au meurtre du nourrisson. Le prêtre l'enverra donc dans le village d'à côté afin d'y grandir en sécurité. Mais Rocco reviendra plus tard pour hanter le village de Scorta et se venger. Il épousera une muette, lui fera des enfants et continuera l'oeuvre de son père : piller et terroriser les habitants de Scorta, ce qui le rendra très riche.

A sa mort, Rocco passe un pacte avec le prêtre : il lègue tout son argent à l'église et déshérite sa femme et ses enfants, en échange de sépultures dignes de rois lorsque lui et les membres de sa famille viendront à mourir.
A sa mort, les enfants de Rocco et la muette sont donc contraints de partir, espérant un avenir meilleur en Amérique... d'où ils rentreront quelque temps plus tard et se réinstalleront à Scorta.

J'ai beaucoup aimé cette lecture. Il faut bien dire qu'elle est très rapide. L'écriture est belle est fluide et on se laisse porter par cette histoire familiale touchante et dramatique.

Compostelle malgré moi

Jean Christophe Rufin


Le sujet

Nous suivons JC Rufin dans son aventure de Compostelle.
Il se lance sur le "chemin du Nord", chemin le moins fréquenté par les pèlerins et nous livre ici son aventure jusqu'à Santiago.

Mon avis


J'aime ... assez

J'avais très envie de lire ce livre depuis sa sortie car je suis une fan de randonnées.
Et Saint Jacques de Compostelle (enfin une partie seulement) est bien évidemment sur ma liste...

JC Rufin raconte très bien les difficultés et les joies de la randonnée sur une longue période. J'ai vraiment eu l'impression d'être avec lui et je dirai même qu'il m'a donné très envie de faire une partie de ce chemin comme lui! C'est amusant car il est assez critique sur une bonne partie de ce chemin durant lequel il longe de nombreuses autoroutes en plein soleil, des km au beau milieu de paysages moches, industriels, voir sur lesquels on ne sent pas en sécurité. Des journées de marche qui rendent ses pieds extrêmement douloureux et qui envoient de nombreux randonneurs à l’hôpital, incapables d'avancer à cause de ces fichus pieds qui ne se remettent pas de tant d'heures de marche...
Et pourtant... la magie de la randonnée (et de Compostelle apparemment) opère et transporte.
La critique qu'il fait des différents types de pèlerins est également très rigolote : ceux qui s'allègent petit à petit du poids de leur sac, ceux qui s’émerveillent devant les machines à laver dans les gîtes (je suis de ceux là!), les "vrais pèlerins" qui viennent de loin et ceux qui ne font que les derniers km requis pour avoir leur certificat, que l'on sent être dévalorisés par les "vrais".
Bref, une lecture agréable dans laquelle je retrouve beaucoup de souvenirs de rando!

samedi 29 août 2015

Le crime de l'orient express

Agatha Christie


Le sujet


C’est par le plus grand des hasards qu’Hercule Poirot se trouve à bord de l’Orient-Express, ce train de luxe qui traverse l’Europe. Alors qu’il est bloqué par la neige au cœur de la Yougoslavie, on découvre, dans l’une des voitures, le corps d’un Américain sauvagement assassiné à coups de couteau. Le meurtrier se cache forcément parmi les voyageurs… Mais qui de la princesse russe, de l’Américaine fantasque, de ce couple de Hongrois distingués, de ce colonel de retour des Indes ou même du propre secrétaire de la victime a bien pu commettre pareil crime ? L’enquête commence, elle sera l’une des plus difficiles et des plus délicates pour notre célèbre détective belge.

Mon avis


J'aime ... beaucoup

Première rencontre avec Hercule Poirot réussie!
Je n'en attendais pas moins considérant l'aura de cet ouvrage.
Ce huit clos est extrêmement bien ficelé. Bon, j'ai trouvé la fin un peu grosse!! Je n'aurais évidemment jamais pensé à ça.
J'avais pour objectif de trouver le coupable en même temps que Mr Poirot mais là vraiment j'en étais très loin. Il faut croire que je ne serais pas une bonne enquêtrice!
Mais cela mis à part, ce court roman se dévore. L'histoire est prenante, bien racontée, on va à l'essentiel, avec une touche d'humour. C'est très réussi!
Parfait pour un après midi plage ou pluvieux sans prise de tête.

Le Chardonneret

Donna Tartt


Le sujet


Theo a connu l'horreur.
Quelques temps après le 11 septembre, il est l'un des seuls survivants d'un attentat contre le MET à New York alors qu'il n'avait que 13 ans, et dans lequel il perd sa mère.

Alors qu'il reprend à peine connaissance sous les décombres, il assistera à la mort d'une vieil homme, qui lui confiera une mission : sauver une petite toile de la catastrophe, "le Chardonneret".
Theo devra alors protéger ce secret quoiqu'il en coûte.
Près de vingt ans plus tard, retranché dans un hôtel à Amsterdam pendant la période de Noël, Theo semble en danger.
Qu'a-t-il pu arriver à ce jeune New Yorkais pour se retrouver dans cette situation?

Mon avis

J'aime ... beaucoup


Me voilà rabibochée avec Donna Tartt! J'avais détesté son "autre chef d'oeuvre" : "Le Maître des Illusions".
Mais j'ai décidé de lui donner une seconde chance devant les excellentes critiques et le prix Pulitzer (le seul prix littéraire auquel je fasse confiance) décerné pour "Le Chardonneret".


Ce livre est très réussi : il a tout pour plaire, on ne le lâche plus. Un peu comme un bon Disney.
Un héros orphelin (condition sinequanone pour un Disney, quelqu'un doit mourir!!!), une aventure qui nous transporte de New York, à Las Vegas, à Amsterdam, des personnages de toutes sortes et pour tous les goûts (l'ami gentil et discret, le délinquant, l'adulte compatissant et rassurant, la gentille famille d'accueil, l'amour de sa vie mais inaccessible...), le tout avec un scénario extrêmement bien ficelé et qui nous tient en haleine.

Je n'ai pas trouvé que ce livre soit un chef d'oeuvre, et ce n'est pas un coup de cœur pour moi. Mais c'est de mon point de vue un excellent livre. Un prix pulitzer bien mérité!

Karoo

Steve Tesisch


Le sujet (éditeur)

Ce roman est l'odyssée d'un riche consultant en scénario dans la cinquantaine, Saul « Doc » Karoo, gros fumeur et alcoolique, écrivaillon sans talent séparé de sa femme et traînant plusieurs tares émotionnelles. En tant que script doctor pour Hollywood, Saul Karoo mutile et « sauve » le travail des autres. En tant qu'homme, il applique le même genre de contrôle sournois à sa vie privée et se délecte de nombreuses névroses très particulières : son incapacité à se saouler quelle que soit la quantité d'alcool absorbée, sa fuite désespérée devant toute forme d'intimité, ou encore son inaptitude à maintenir à flot sa propre subjectivité. Même s'il le voulait, il ne pourrait pas faire les choses correctement, et la plupart du temps, il ne le veut pas. Jusqu'à ce qu'une occasion unique se présente à lui : en visionnant un film, il fait une découverte qui l'incite à prendre des mesures extravagantes pour essayer, une fois pour toutes, de se racheter.

Mon avis

J'aime ... pas du tout

Et bien voilà, je l'ai fini! Et je me suis fait violence pour en venir à bout.
J'attendais de lire ce livre avec impatience suite à toutes les critiques dithyrambiques que j'ai pu entendre et lire à droite à gauche, mais là vraiment c'est l'étonnement, et la déception.

J'ai tout d'abord assez apprécié la première partie du livre, je l'ai d'ailleurs lue très rapidement.
L'histoire de cet homme hypocrite, grotesque et caricatural, qui pourrit tout ce qui entre dans son environnement, j'ai trouvé ça décalé et intéressant.


Et puis est arrivée la seconde partie du livre, et son plan pour se racheter auprès de son fils.
Je n'en dirai pas plus car je ne veux pas spoiler mais là vraiment c'était trop. Le lecteur comprend très rapidement ce qui va se passer et on assiste à la chute du personnage principal et de son entourage qu'il emmène avec lui.


Mais que c'est consternant!! J'ai lu beaucoup de critiques qui ont trouvé le livre drôle... je l'ai trouvé grotesque. Cet homme qui n'arrive pas à se saouler et qui dont feint l'ivresse pour paraître normal, cet homme qui trouve son ex femme fabuleuse lorsqu'elle l'insulte au beau milieu d'un restaurant en lui attribuant l'échec de leur mariage et le mal être de leur fils et qui décide donc d'avoir l'air encore plus pitoyable afin de donner plus de puissance aux paroles de cette femme, lui faire croire qu'elle a raison et offrir un beau spectacle aux voisins de table du restaurant... Mais c'est ridicule!
Et tout est du même acabit.

Bref vous l'aurez compris, je n'ai pas aimé cette lecture!

Mais je suis ravie que la majorité des lecteurs y trouve son compte, me concernant je suis complètement passée à côté.

dimanche 23 août 2015

L'accro du shopping à Hollywood

Sophie Kinsella

Le sujet

Becky est de retour aux Etats Unis!
Son mari travaille à présent pour les relations publiques d'une star de cinéma hollywoodienne et embarque toute sa petite famille à Hollywood, pour le plus grand bonheur de Becky.
Elle va enfin pouvoir se lancer en tant que styliste pour les personnalités les plus influentes d'Hollywood.

Mon avis

J'aime ... assez

Les nouvelles aventures de Becky nous amènent de l'autre côté de l'Atlantique. Direction Hollywood!
Et Becky est plus que jamais motivée pour devenir la styliste la plus branchée et la plus demandée de ce monde cinématographique, et elle est prête à tout pour y arriver. Y compris briser un secret qu'une fameuse célébrité rencontrée par hasard dans une boutique lui a confié. Elle est alors propulsée à la une des journaux et va devoir gérer cette nouvelle célébrité... ainsi que son père débarqué aux Etats Unis pour retrouver un vieil ami, et toute la petite famille de sa meilleure amie Suze dont le mari a bien besoin de soleil et repos.

Ces nouvelles aventures sont encore plus incroyables que d'habitude, et comme elle le fait toujours Becky a le don de nous exaspérer au plus haut point!
Mais toujours comme d'habitude ça se lit vite et on se détend, et c'est bien ce qu'on attend de ce genre de lecture.
Et une première dans la série, un cliffhanger à la fin du livre nous invite à attendre impatiemment la suite!

Le Château

Mathieu Sapin

Le sujet

L'auteur et dessinateur Mathieu Sapin a passé quelques temps au sein de l'Elysée à essayer de comprendre comment fonctionne ce "château".
Il ne s'agit pas de voir comment fonctionne l'Elysée d'un point de vue politique (prise de décision du Président par exemple), mais plutôt de comment fonctionne le château d'un point de vue pratique : les cuisines, le service de protection du président, les fleurs (oui oui un département destiné aux fleurs), le service communication qui gère les journalistes etc.


Mon avis

J'aime ... beaucoup


La politique m'intéresse beaucoup et j'étais très curieuse de lire cette BD.

J'ai été très étonnée de voir qu'il ne s'agissait pas d'une BD sur François Hollande ou sur la politique mais bien sur le fonctionnement du palais de l'Elysée.
J'ai trouvé cette BD extrêmement intéressante, je n'imaginais pas tout ce que la vie de château impliquait! Et l'auteur exprime très bien son étonnement, égale au nôtre lorsqu'on découvre toutes les dispositions prises pour le maintien du protocole et de l'excellence attendu de l'Elysée : chef du protocole, entraînement de la garde de protection du président (ils ont leur propre dojo au sous sol!!), service de fleuristes, cave à vin de l'Elysée, fonctionnement du service de presse, du service de communication, le noël des enfants, et encore tant d'autres choses!

Bref une belle découverte qui se lit très rapidement et assez amusante grâce à l'humour de l'auteur.

dimanche 28 juin 2015

La Perle et la Coquille

Nadia Hashimi


Le sujet (éditeur)

Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses sœurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d'une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.

Mon avis

J'ai beaucoup aimé

Je remercie Babelio et son édition Masse Critique ainsi que les éditions Milady de m'avoir permis de lire cet ouvrage.

Voilà un excellent livre qui donne à réfléchir.
Je dois avouer que la lecture de cet ouvrage fut difficile pour moi, le sujet étant extrêmement dur.

J'ai beaucoup appris sur les us et coutumes du traitement et de la vie des femmes en Afghanistan où il semble que leur sort n'a pas évolué en un siècle. Leurs condition de vie sont encore moyenâgeuses, c'en est à peine croyable.

La discrimination à l'égard des femmes est d'autant plus clair que Rahima deviendra Rahim à l'âge de neuf ans, une bacha posh, c'est à dire un garçon et nous contera tout ce qui lui est autorisé de faire en tant que garçon, mais bientôt interdit lorsqu'elle redeviendra fille : aller à l'école, sortir dans la ville, prétendre à l'héritage de son père.
Rahima redeviendra donc une fille à l'âge de 13 ans et sera mariée de force par son père (drogué et qui a droit de vie et de mort sur ses filles) à un homme déjà marié à 3 autres femmes...
Elle devra donc s'adapter à son nouveau statut de femme et endurer de très (trop) nombreuses épreuves.


L'histoire est similaire pour son aïeule Shekiba dont l'histoire lui est contée par sa tante.

Un entremêlement de ces deux histoires qui nous fait donc découvrir les conditions de vie de ces femmes en Afghanistan...
C'est absolument bouleversant.

France culture Papier n°14


Le sujet

Penser & se dépense : petite philosophie du sport
Climat : un diagnostic de la planète avec Jean-Louis Etienne
Grand entretien avec Fabrice Luchini

Mon avis

J'aime assez

Je remercie tout d'abord Babelio et son édition Masse Critique ainsi que les éditions Bayard et Radio France de m'avoir permis de découvrir ce numéro de France Culture Papiers.


Je suis une auditrice assidue de France Culture et j'aime beaucoup lire les France Culture Papiers.
Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas été passionnée par ce numéro.
Peut être est ce dû à son dossier proéminent sur le sport... je ne suis pas une grande sportive et franchement la philo du sport ne me passionne pas!


Je ne suis pas non plus une grande fan du personnage de Luchini (que j'apprécie néanmoins dans ses rôles)...
Je n'ai finalement apprécié que l'interview retranscrite de 1997 de Germaine Tillion ainsi que la retranscription du dossier de 1967 sur "le paradoxe Churchill" (il faudrait vraiment que je lise ses mémoires...).

Bref, dans le France Culture papier, pas d'inquiétude, on trouve quelque chose à se mettre sous la dent, mais là j'avoue que toutes mes lectures n'ont pas été passionnantes.

Pas de quartier? Délinquance juvénile et justice des mineurs

Pierre Joxe


Mon avis

J'ai adoré

Pierre Joxe est un homme politique qui fut pendant le premier mandat de Mitterand ministre de la défense et de l'intérieur.
Il fut ensuite membre du conseil constitutionnel puis président de la cour des comptes.

Au Conseil Constitutionnel, il est témoin de nombreuses réformes allant à l'encontre de ses convictions quant à la justice des enfants et des juridictions sociales (sur ce sujet voir le livre Soif de justice : au secours des juridictions sociales ).
Il deviendra donc après avoir quitté la Cour des Comptes avocat commis d'office et tentera de comprendre et de témoigner du naufrage de cette justice des mineurs.

Quelques citations

Page 24
"C'est seulement à la fin du XIXe siècle que l'attitude envers les jeunes délinquants s'humanise. Ce que l'on appelle en termes techniques le "droit spécial" des mineurs est donc aujourd'hui doublement spécial : inscrit et prescrit depuis un siècle dans les lois "spéciales" (1906, 1912) et surtout dans un texte célèbre - l'ordonnance du 2 février 1945 - ce droit est spécial par son objet. C'est un droit pénal qui entend privilégier l'action éducative sur les jeunes avant la répression des délits et des crimes. c'est un droit qui cherche avant tout à corriger l'auteur avant de punir l'acte - avec l'idée, la perspective ou l'espérance que c'est en corrigeant l'auteur que l'on évitera la multiplication des actes, la récidive. C'est en effet un droit qui fonctionne assez bien en France puisque, aujourd'hui, plus de 80% des jeunes passant devant la justice des mineurs ne réitèrent jamais."

Page 26
"Coercition ou éducation; responsabilité ou "excuse de minorité"; prévention et/ou répression : c'est autour de ces trois dilemmes fondamentaux que le droit pénal appliqué aux enfants a progressé durant un siècle - et régresse à présent dans notre pays.
Au cours de mon mandat de neuf années au Conseil constitutionnel, j'ai eu l'occasion de me plonger dans ce droit pénal, seulement effleuré durant mes études juridiques ou mes différentes fonctions judiciaires, législatives ou ministérielles antérieures. Mais entre 2002 et 2010, après les lois Perben 1 et Perben 2, une indignation croissante ressentie devant les choix réitérés de la majorité du Conseil constitutionnel, face aux lois répressives successivement adoptées chaque année, m'a conduit à décider de devenir avocat pour me consacrer à ce droit des mineurs."

Page 86
"De nos jours, la mise en cause du rôle du juge des enfants dans sa triple fonction d'instruction, de jugement et d'application des peines semble vouloir se parer de l'esprit de Montesquieu.
Mais il faut au passé de longues heures auprès de ces juges-là, lisant les dossiers, consultant les éducateurs, écoutant les enfants, les parents et souvent les parties civiles - sans oublier les avocats - pour pouvoir apprécier le rôle unique, en effet, de ce juge unique, situé entre le magistrat et le thérapeute, entre l'assistant social et l'éducateur, s'appuyant sur la connaissance des individus et le milieu familial pour participer au redressement de trajectoires adolescentes le plus souvent abîmées, compromises par la société, la famille, la misère sociale ou humaine.
Mais ce métier peu connu exige, pour aboutir, l'existence en amont et en aval, de services éducatifs et sociaux fournissant à diverses étapes des diagnostics, des pronostics, des évaluations, et aussi - surtout, peut être des structures d'accueil, d'hébergement et d’accompagnement, prolongements nécessaires du travail du juge des enfants."

Page 196
"Dans ce modèle protecteur, couramment dit "protectionniste", le principe est par défaut de privilégier les mesures d'assistance. L'article 2 de l'ordonnance du 2 février 1945 parle ainsi de mesures de protection, d'assistance, de surveillance et d'éducation, qualifiées plus simplement de mesures éducatives. Le système mis en place est un système d'option entre la "mesure éducative" et la peine proprement dite, laquelle ne doit être prononcée que si les circonstances et la personnalité du mineur l'exigent.
[...]
C'est à partir de la fin des années 1970 que les interrogations sur la pertinence de l’ordonnance de 1945 commencèrent à s'exprimer vigoureusement, à droite, au nom d'une adaptation prétendument nécessaire, de la charte de l'enfance délinquante à l'évolution de la société. Lorsqu'un rapport fut confié par le premier ministre Lionel Jospin à deux députés particulièrement qualifiés sur les réponses à apporter à la délinquance des mineurs, la question explicitement posée dans la lettre de mission étant sans ambiguïté : si problème il y avait, ce n'était pas un problème de texte, mais de moyens mis en oeuvre pour leur application. S'ensuivit pendant quatre ans la création de plus de 300 postes d'éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse par an, afin de rendre plus rapide la prise en charge des mineurs. Et, par une étrange ironie de l'histoire, voici que des politiciens se réclamant de l'héritage du "gaullisme" s'emploient depuis des années à démolir méthodiquement un des services publics les plus intéressants de notre institution judiciaire."

Page 219
"Mais la rigidité des nouveaux textes ne permet plus de tenir compte des évolutions individuelles. Les peines planchers sont donc peu prononcées contre les mineurs, car elles aboutiraient à des sanctions totalement disproportionnées, générant à leur tour de la délinquance, comme on le sait. Souvent c'est le parquet lui même qui ne retient pas la récidive."

Page 220
"Les éducateurs sont à l'évidence conduits eux aussi à recourir à des stratagèmes pour éviter l’application absurde de textes bâcles, inspirés par une idéologie sécuritaire dont l'inefficacité est démontrée après 10 ans de frénésie législative.
Depuis des années on assiste ainsi, dans les tribunaux pour enfants, à une véritable résistance spontanée contre la démolition d'un service public à la française de plus en plus mis en péril. En outre, les professionnels ne se bornent pas à réclamer des moyens supplémentaires, ils espèrent et proposent des réformes qui leur permettraient de remettre la machine judiciaire dans le sens du progrès."

Page 225 sur le modèle suisse
"La sanction infligée à un mineur dépend en premier lieu de sa personnalité et de ses besoins éducatifs, et doit prioritairement favoriser sa protection et son éducation. En d'autres termes, la droit pénal suisse des mineurs se veut résolument protecteur.
[...]
En Suisse, la droit pénal des mineurs prévoit quatre mesures : la surveillance, l'assistance personnelle (deux mesures permettant à l'Etat de s'immiscer de manière plus ou moins importante dans l'éducation des mineurs), le traitement ambulatoire (lorsque le mineur souffre de troubles psychiques) et le placement (soit dans une famille d’accueil, soit en institution plus moins fermée). Ces mesures prennent généralement fin, lorsque l'objectif est rempli, ainsi que - au plus tard - lorsque l’intéressé atteint l'âge de 22 ans, âge qu'il est aujourd'hui projeté d'étendre à 25 ans - en Suisse!"

Page 263
"En France, au contraire, c'est aujourd'hui l'obscurantisme qui triomphe. La réflexion est méprisée, l'expérience ignorée, un pouvoir affaibli provoque et utilise l'émotion populaire pour se poser ridiculement en "protecteur". "Je dois protéger les Français" répète à l'envi le chef de l'Etat, chef des armées, qui invitait il y a peu le terroriste Kadhafi à planter sa tente dans les jardins de l'Elysée afin de mieux vendre les avions du sénateur Dassault à ce tyran fou. 
[...]
Analysant les chiffres et les faits relatifs à la violence dans notre société, qui ne date pas d'hier, il montre qu'à partir de statistiques manipulées et du traitement médiatique des faits divers le sentiment d'insécurité s'accroît dans une société... moins violente qu'autrefois! Les jeunes volent moins. Ils commettent peu de crimes. Leur part ne croit pas dans la criminalité générale : elle décroit. Ils sont plus poursuivis mais pour "outrages", pas de violences... Cependant, les statistiques globalisent : outrages + rébellion + violence = 4.1%. Dont outrages = 3.2%.
Alors qu'on entend parler de l'explosion de la violence des plus jeunes, la statistique judiciaire montre que les moins de 13 ans forment 3% des mineurs condamnés soit 0.3% du total des condamnés. Et cela ne change pas depuis 20 ans!"

Page 266
"Dans sa propre revue, les Cahiers d'études pénitentiaires et criminologiques (n°36 mai 2011), on découvre - ce que les magistrats et avocats observent empiriquement de leur côté - que les risques de récidive diminuent d'autant plus que les condamnés bénéficient d'aménagement de peines et de liberté conditionnelle. C'est encore plus vrai pour les mineurs que pour les adultes. 
[...]
Mais la politique suivie depuis plusieurs années conduit à réduire les moyens de la protection judiciaire de la jeunesse et à accroître de 20% le nombre de places en prison. La France va-t-elle ainsi rattraper la Grande Bretagne au palmarès des incarcérations?
[...]
D'un point de vue purement pragmatique et tant qu'il concerne les mineurs, les principes et l'organisation du service public de la justice sont des éléments essentiels d'une politique de prévention, et donc de tout politique de sécurité. Le mineur, l'enfant délinquant, n'est pas destiné par la fatalité à entrer ni à demeurer dans la délinquance d'habitude. S'il y tombe, la société a le devoir de - et, en outre elle y a intérêt - l'aider à en sortir. A cet égard, l'ordonnance française de 1945 et la loi fédérale suisse de 2005 ne sont pas des textes idéalistes, ni l'oeuvre de rêveurs."

Réparer les vivants

Maylis De Kerangal


Le sujet

Simon est un jeune homme fan de surf.
Il part accompagné de ses amis un matin très tôt affronter les vagues.

A 05h59 sur le chemin du retour, le conducteur du van s'endort au volant.
Simon est au milieu à l'avant et n'a pas de ceinture. Il va s'encastrer dans l'habitacle et arrivera au service de réanimation du Havre en état de mort cérébrale.

Le roman se situe sur 24h.
24h durant lesquelles sa mère puis son père vont apprendre la nouvelle, le médecin de garde et l'infirmier vont mettre en branle le processus de don d'organes, une femme sur le point de mourir va recevoir un cœur, des enfants vont trouver foi, reins, et tout ce qu'on pourra récupérer d'autres sauf les yeux, parce que les yeux de Simon "c'était sa lumière et son toucher, les capteurs vivants de son corps".

Mon avis

Chef d'oeuvre. Absolument bouleversant

Quelle claque...
J'avais envie de lire ce livre depuis maintenant plus d'un an, après avoir entendu un avis unanime sur la beauté de cet ouvrage dans Le Masque et La Plume.
Je ne peux que me joindre aux louanges autour de ce livre : c'est une merveille.

Pourtant j'ai eu un peu de mal au début. Le style de l'auteure est très incisif : quelques phrases très courtes, des mots très forts les uns à la suite de l'autre, un vocabulaire extrêmement précis. Et puis je me suis laissée prendre...
Laissée prendre par le sujet, par la pertinence et le justesse de l'écriture, par le récit qui va à tout allure, la rapidité de l'enchaînement. Tout cela en 24h.

Maylis de Kerangal réalise un exploit.
En quelques phrases, un paragraphe, on comprend la peur, l'appréhension de la femme qui va recevoir le cœur.
En un chapitre on comprend la douleur des parents qui doivent en quelques heures accepter que leur fils est parti et donner leur accord pour la transplantations de tous ses organes.


Je reviens sur la précision du livre : ce livre nous emmène dans le processus de transplantation des organes. Tous les termes sont exacts, rien n'est laissé au hasard. C'est incroyable tout ce que l'on apprend.

Je le répète ce livre est un chef d'oeuvre, une vrai merveille.
A lire tout de même quand tous ses proches sont en bonne santé car il faut le dire, ce livre est très dur. Et pourtant avec un sujet pareil, l'auteur de sombre pas de le pathos. La preuve? Moi qui suis d'une extrême sensibilité, je n'ai pas pleuré! C'est dire...