lundi 28 décembre 2015

La république bobo

Thomas Legrand & Laure Watrin

Le sujet (éditeur)

Vous le pensiez obsolète ? Pourtant le bobo n’a jamais été aussi présent. Il est de toutes les joutes politiques, de toutes les brèves de comptoir et de magazine, que l’on devise carte scolaire, terrorisme du bio, prix de l’immobilier ou causes de la montée de l’extrême droite.
Que recouvre ce néologisme ridicule, assemblage new-yorkais de deux mots français ? Une construction médiatique rejetée par la plupart des sociologues. Un travailleur social au SMIC tout autant qu’un patron de start-up. Mais surtout, un bouc émissaire idéal. En ces temps de bobobashing, il faudrait être sacrément téméraire pour se revendiquer afi cionado de la Courgette solidaire.
Pourtant, selon Laure Watrin et Thomas Legrand, eux-mêmes bobos, il est grand temps de réhabiliter ce pauvre hère. Car il est le promoteur des modes urbains de demain. Alors oui, il frôle parfois la caricature, vacille sans (presque) aucun scrupule entre un hédonisme individualiste et des élans de faiseur de lien social. Mais il redynamise le vivre-ensemble tout en restant connecté au monde. Il tente de concilier des contraires et de s’adapter dans une société morcelée… En ce sens, le bobo est l’un des fers de lance de la république du XXIe siècle. En déclinant ses engagements et ses marottes, ce livre s’engage non seulement à clarifier son identité, mais aussi à redorer son blason.

Mon avis

J'ai abandonné

Je l'admets tout de suite : je n'ai pas réussi à terminer ce livre (je me suis arrêtée à la moitié).
L'introduction (premier chapitre) m'a pourtant fort intéressé et assez accroché, mais j'ai rapidement trouvé que les propos tournaient franchement en rond pour toujours raconter la même chose autour des deux catégories de bobo (gentrifieur et mixeur) et de leurs caractéristiques propres.

Le sujet abordé est intéressant mais le livre ne le traite pas de façon scientifique ou sociologique, il reprend beaucoup d'articles de sociologue, journalistes, essayistes sur le sujet, pour concaténer un peu tout ce qu'on peut lire ou entendre sur le sujet, mais je n'y ai pas trouvé de réflexion ou d'apport à ce sujet mainte fois traité dans les journaux ou à la radio (car oui je suis bobo, je lis beaucoup et j'écoute beaucoup France Inter! et j'adore Thomas Legrand!).
On y trouve aussi un historique (trop long!) de comment le terme est arrivé, d'où il vient, et de phénomènes similaires rencontrés et documentés à l'étranger.
Pour finir, je suis francilienne (comme les auteurs dans une ville limitrophe très bobo), mais je trouve tout de même que ce livre est beaucoup trop centré sur Paris! Tous les exemples tournent autour des mêmes arrondissements à Paris et à Bordeaux, un peu comme si le phénomène ne touchait que ces deux villes.
Bref, un livre peu intéressant à mon grand regret, car je trouvais le livre très prometteur.

Quelques extraits :
2 catégories de bobo :
"le bobo gentrifieur et le bobo mixeur. Le premier choisira d'habiter un quartier anciennement populaire, plein de bobos, pour vire dans un havre de boboïtude peuplé de spécimens de son espèce, s'égayant dans de jolies rues pleines de restos simples et bons, de concept-stores et de vélos hollandais. Le second, lui, s'épanouira exclusivement dans un univers de melting-pot, de variété sociale et ethnique, dans des quartiers ou des villes toujours populaires"

Page 33
"Un bobo est une personne dont le capital culturel (élevé) a plus de poids que le capital économique (variable) pour déterminer son lieu de vie, et les "valeurs" qu'il considère comme positives ou négatives"

Page 50
"Pour les extrêmes gauche et droite [...] Le bobo méprise le vrai peuple blanc, ouvrier, hétérosexuel et périurbain."

Page 51
"Le débat sur le mariage homosexuel a été un déferlement de haine anti-bobos. Les bobos étaient responsables de la destruction de la famille, ils dilapidaient mille ans de traditions pour un caprice d'adultes. Les catholiques les plus conservateurs et les plus bruyants, en particulier, abhorrent les bobos, qu'ils envisagent comme des hédonistes irresponsables. Ils pointent l'hypocrisie de ceux qui servent un discours social et moralisateur mais vivent dans leurs lofts à l'abri de leurs digicodes. Toutes les critiques ont certainement un fond de vérité corrélé à une base outrée, mais remarquons quand même que celle qui vient de la bourgeoisie catho est particulièrement savoureuse. La dénonciation de la duplicité des bobos de la part de ceux qui vont à la messe de Versailles ou à Neuilly pour s'entendre dire qu'il faut partager, s'aimer les uns les autres, tendre la joue gauche, accueillir le pauvre et l'étranger comme ses frères et s'en retourner ensuite dans un entre-soi conservateur, dans son ghetto de classe... Le bobo écolo qui brûle son bilan carbone en allant passer un weekend à Barcelone en avion a de la marge s'il veut rivaliser en termes de contradiction avec le cabo (catho-bourgeois) de la "Manif pour tous"!"

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